Association pour la légalisation du suicide assisté et de l'euthanasie volontaire

NON, LA FIN DE VIE , CE N’EST PAS « COMPLIQUE» !

NON, LA FIN DE VIE , CE N’EST PAS « COMPLIQUE» !

( Article de Jean-François Schneider, paru dans Médiapart )

Les belles âmes qui prétendent en savoir plus que nous sur nous-mêmes s’ingénient à inventer des «problèmes» et à invoquer on ne sait quelle « complexité » pour, au bout du compte, nous imposer leur conception personnelle de la vie et de la mort. Les choses sont pourtant d’une simplicité lumineuse (j’éviterais, en cette occurrence, de parler de «simplicité biblique » !) :

Soit le législateur confirmera les conceptions philosophiques et religieuses de ceux qui militent pour l’obligation de vivre (il vaudrait mieux dire de survivre ).

Soit, conformément à notre Constitution laïque, il garantira (enfin) à chacun la liberté de choisir le moment et les conditions de sa propre fin, en cohérence avec la conception que chacun se fait de sa dignité.

Tout le reste est (mauvaise) littérature .

Qu’est-ce qu’une liberté dont on n’organise pas la mise en œuvre sous forme d’un droit effectif ?

Comme tout travail législatif, l’élaboration d’une loi (nécessaire) sur la fin de vie se devra prioritairement d’affirmer des principes avant de construire les outils juridiques garantissant aux citoyens à la fois l’application pratique de ces principes et la gestion de leurs contradictions éventuelles. Au premier rang de ces principes devra figurer explicitement le droit au suicide. Celui-ci ne peut en aucun cas être remplacé par une théorique liberté de se suicider, celle du refrain qu’on nous sert régulièrement : « Mais, vous n’avez qu’à vous suicider ! ». Car, une liberté dont on n’organise pas la mise en œuvre sous forme d’un droit effectif et réglementé par la loi ordinaire, c’est quoi ? La liberté de se jeter sous un train (« incident de personne » !) ? Ou de basculer par dessus le parapet du pont ?! Ou de faire sauter le quartier en laissant filer le gaz ?!

Une fois ce droit affirmé, la loi devra, bien sûr, le limiter aux personnes ayant la capacité de l’exercer en toute conscience en définissant, par exemple, une « majorité » comme il en existe en matière civique ou sexuelle. Elle devra également prévoir des dispositions concrètes visant à s’assurer que la décision de la personne candidate au suicide est bien libre de toute influence extérieure, en la faisant valider par des tiers libres de tout conflit d’intérêt.

En posant le problème en ces termes, la question de la maladie (en phase terminale ou gravement handicapante) ne sera plus désormais qu’un cas particulier d’une liberté générale de disposer de sa vie, l’arbitrage du corps médical n’étant alors plus requis, ni même souhaitable, dès lors que le patient (ô combien patient jusqu’à ce jour !) ait été informé de l’ensemble de sa situation diagnostique et pronostique, et des possibilités concrètes de prise en charge de sa maladie.

Quant à vous, « belles âmes », merci de nous lâcher la grappe avec vos agonies palliatives dont nous ne voulons pas (libre à eux, ceux qui souhaitent en « bénéficier » !), votre pseudo-humanisme autoritaire et mielleux, et votre manie de parler à la place des autres. A défaut, nous nous organiserons pour nous passer de vos services attentionnés.

Jean-François SCHNEIDER Clelles-38, le 19/01/2023

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