Cette lettre ouverte a été envoyée par voie postale aux adresses de campagne des 12 candidats à l’ élection présidentielle.
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Lettre ouverte du C.A. de l’association Ultime Liberté
à l’ensemble des candidats à l’élection présidentielle,
visant à préciser l’originalité de la position d’Ultime Liberté
parmi les associations françaises demandant une légalisation
de l’euthanasie et du suicide assisté.
Madame, Monsieur,
Vous avez déclaré votre candidature à la Présidence de la République Française, en proposant au peuple français de contribuer par votre fonction à la défense des droits fondamentaux de la personne et du citoyen, tels qu’ils sont inscrits dans notre Constitution et liés à la définition internationale des droits de la personne humaine dans différents textes juridiques internationaux auxquels la France a apposé sa signature.
Il existe un domaine fondamental où, dans de nombreux autres pays, la législation a connu et connaît encore une évolution très importante, visant à développer et à protéger juridiquement le droit des personnes de choisir leur fin de vie et les conditions matérielles de cette fin de vie.
En France, vous savez que depuis de nombreuses années, la question de la légalisation de l’ euthanasie volontaire et du suicide assisté est régulièrement reposée, et se trouve actuellement bloquée dans l’état de la législation de 2016, qui interdit l’aide active à mourir. Vous savez que l’opinion publique, manifestée à de nombreuses reprises, est très largement favorable à une évolution décisive de cette législation en faveur de la liberté de la personne de choisir le moment et les circonstances de sa mort.
Plusieurs associations en France militent depuis longtemps pour une telle évolution, présente aussi dans de nombreux autres pays, à partir de diverses approches juridiques et politiques de cette question.
Parmi ces associations, l’association Ultime Liberté, créée en 2009, milite explicitement pour :
Obtenir pour toute personne majeure et capable la reconnaissance juridique de :
* la liberté de disposer de sa personne, de son corps, et de sa vie, et donc de se donner la mort
* la liberté de choisir le moment, le lieu et les modalités de sa mort reconnue par une loi incluant le suicide assisté ou l’euthanasie volontaire lorsque l’intéressé se trouve dans un état où il ne peut plus communiquer et qu’il a écrit ses directives anticipées,
* la facilité d’accès aux produits létaux dans des conditions de sécurité pour tous précisées dans le cadre d’une loi reconnaissant la liberté de la personne de se donner la mort.
En particulier, nous n’acceptons pas la restriction de l’usage d’une telle liberté aux seuls cas des personnes « en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, provoquant une souffrance physique ou psychique qui ne peut être apaisée ou qu’elle juge insupportable »
( Proposition de loi Falorni : proposition proche de celles des deux autres associations, ADMD et Le Choix )
Nous considérons que la décision de vivre ou de mourir ne saurait fondamentalement appartenir qu’à la personne majeure et capable concernée, quel que soit son état de santé, et que l’accès à une dose létale permettant sa propre mort volontaire ne doit être limité que par la vérification du «caractère libre, éclairé, réfléchi et explicite de sa demande » et de son information suffisante concernant les alternatives possibles à sa décision de mourir, car dans ce cas, elle est capable de comprendre l’ensemble des raisons conscientes de la décision qu’elle prend de mourir.
Il est donc parfaitement pensable sur cette base d’envisager une procédure légale d’accès en toute sécurité à une dose létale personnelle, sans que cet accès ait à être « prescrit » par un médecin.
L’association Ultime Liberté travaille actuellement sur ce sujet et est prête à collaborer en ce sens avec d’autres personnes, compétences professionnelles et mouvements de pensée en accord avec un tel objectif législatif, de façon à analyser les obstacles de toute nature qui s’y opposent et promouvoir la traduction de cet objectif en termes juridiques.
L’association est également très attentive aux évolutions législatives similaires qui sont en cours dans différents pays ou états, et notamment en Allemagne depuis février 2020, ainsi qu’en Autriche et partout où la liberté du choix de mourir est considérée comme dérivant du principe juridique d’ « autonomie personnelle », lui même adossé à la Déclaration Universelle des Droits de l’ Homme de 1948. Une concertation juridique internationale est en cours de préparation, pour développer les liens avec les associations étrangères qui partagent ces mêmes objectifs.
L’association Ultime Liberté attire donc particulièrement votre attention sur cette différence avec les propositions de loi sur la fin de vie jusqu’à présent déposées ou discutées en France à l’ Assemblée Nationale ou au Sénat, ou promues par les deux autres associations ( ADMD, et Le Choix ) militant pour une légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté, mais restreignant l’usage d’un tel droit, aux cas de personnes « en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable»
Vous comprendrez donc aisément qu’il ne nous est pas possible d’accorder notre voix à une candidate ou un candidat qui ne prendrait pas clairement position en ce sens. Nous lui demandons de s’engager en faisant des propositions concrètes – pas des promesses – pour faire évoluer la loi et mettre fin à une situation qui nous est intolérable.
Veuillez agréer, Madame, Monsieur, nos salutations distinguées,
le 6 mars 2022,
Pour le C.A. de l’ association Ultime Liberté
La co-présidente, Josyane ABTROUN Le co-président Patrice BERNARDO
4 commentaires sur “Lettre ouverte du C.A. d’Ultime Liberté aux candidats à l’élection présidentielle”
Bonjour, J’avoue que j’ai tjs été pour que les personnes malades physiquement ou non puissent disposer de leur corps comme elles le désirent, et choisir le jour de sa propre mort en fait partie. Actuellement venant de perdre l’amour de ma vie, je n’ai pas du tout envie de continuer seule, abandonnée totalement par sa famille qui pourtant semblait “chouette”…Je me suis trompée peut-être ou ai-je fait ou dit quelque chose qui les a choqués ? J’aurais tant aimé qu’on en parle franchement………j’attends la naissance de mon arrière petit fils pour quitter la scène…Cordialement, bonne journée.