Association pour la légalisation du suicide assisté et de l'euthanasie volontaire

Révision nécessaire de la législation actuelle autour du suicide

Il existe aujourd’hui une situation juridique très problématique autour du suicide :

D’une part, le suicide est dépénalisé depuis la Révolution Française. Il est donc indirectement, par défaut, considéré comme une “liberté” ( bien que la législation actuelle ne le reconnaisse pas positivement comme une liberté ).
Certains d’ailleurs, et non des moindres, adversaires par ailleurs de toute aide médicale à mourir, n’hésitent pas à affirmer :
ceux qui veulent mourir n’ont qu’à se suicider“.
Une telle proposition, lancée en public, en vue d’empêcher la légalisation d’une quelconque forme de suicide assisté, ne pourrait-elle pas cependant être considérée précisément comme une “provocation au suicide“, et dans des formes de suicide particulièrement préjudiciables, non seulement pour la souffrance potentielle de la personne elle-même, mais souvent accompagnées de graves risques et souffrances pour l’entourage ?

Mais d’autre part, pour des raisons de “protection de la personne“, les différentes politiques de “prévention du suicide” ont aggravé les poursuites possibles contre les personnes qui favoriseraient l’exercice de cette “liberté du suicide”, en explicitant les méthodes possibles pour y parvenir, y compris les plus aptes à procurer une “mort douce” et à éviter des traumatismes collatéraux pour les proches ou le voisinage lors de suicides violents ou improvisés.

Voir notamment les articles suivants du code pénal :
https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGISCTA000006165292

L’association Ultime Liberté considère que ce statut juridique actuellement ambigu du suicide et des éléments légaux qui prétendent “protéger la personne contre elle-même”, n’est plus acceptable et doit être fondamentalement révisé :

– une nouvelle législation reconnaissant fondamentalement et explicitement la liberté de la personne “majeure et capable” de se donner la mort doit permettre la définition d’un cadre juridique sécurisant permettant à chaque personne, à la fois d’être réellement libre d’exercer cette possibilité lorsqu’elle correspond bien à sa propre volonté éclairée et réitérée, et d’être en effet protégée contre des provocations au suicide ou des pressions sociales diverses la poussant au suicide sans que cela soit sa réelle volonté.
– une politique de “prévention du suicide” cohérente ne doit pas empêcher à tout prix et sans autres considérations une personne de se donner la mort, mais doit s’attaquer aux causes diverses qui peuvent amener une personne à ne plus voir d’autre issue à ses problèmes que de se donner la mort.

Cela implique que la personne puisse librement, et publiquement si elle le souhaite, évoquer ces problèmes, et trouver des institutions ou des organismes associatifs capables d’analyser avec elle les problèmes qu’elle rencontre, en explorant les alternatives possibles à sa propre mort. Mais que dans le cas où la société est incapable de trouver, dans l’état actuel, une issue réellement “vivable” par cette personne aux problèmes ainsi examinés, elle laisse en effet ouverte la libre décision personnelle de mettre fin à sa vie, et donc d’une libre “assistance” à un tel suicide lorsque la personne concernée demande cette assistance.

Il ne peut y avoir de réel “droit à la vie” assuré par une société démocratique de liberté, s’il ne s’accompagne pas d’une réelle liberté de mourir, lorsque les formes de “vie” ou de “survie” proposées à la personne ne correspondent plus à sa propre conception de sa dignité de “personne humaine, libre et égale, et souveraine sur elle-même“.

Il n’y a rien de déshonorant pour une société humaine, à ne pas trouver de solution réellement vivable pour certaines personnes, lorsque tout l’effort réel actuel possible a été proposé ( socialement et économiquement compatible avec l’égal droit des autres personnes à disposer de la même sollicitude et solidarité “fraternelle” ).

Pourquoi une société démocratique se considèrerait-elle à ce point “toute-puissante” qu’elle estimerait perdre sa valeur propre en refusant par la “force de la loi” à ses membres de la quitter volontairement au niveau de la vie biologique actuelle ?

Les sociétés démocratiques devraient plutôt réfléchir à l’amélioration des conditions de vie qu’elles imposent à un certain nombre de leurs membres, qui permettraient à ces personnes de choisir librement de rester en vie, sans être en plus,double peine“, condamnées à vivre des conditions de vie pour elles intolérables.

Les responsables politiques, sociaux et économiques devraient songer à restreindre leur croyance en leur propre toute-puissance, comme les médecins ont bien fini par accepter que leurs “patients” puissent librement renoncer aux “traitements” qu’ils leur proposaient.
Au contraire, de même qu’il existe aujourd’hui une possibilité juridique de recours contre une “obstination thérapeutique déraisonnable”, il devra être alors juridiquement possible aux personnes de se protéger contre une “obstination politique, économique et sociale déraisonnable” dans les fausses “alternatives” au suicide, dont la personne elle-même saura et pourra juger en dernière instance ( c’est précisément alors son “Ultime Liberté” ).

Les questions d’actualité autour du retard du projet de loi gouvernemental ( et présidentiel … ) sur la “fin de vie”, et de la façon dont l’exercice de la liberté personnelle est à nouveau reporté avec le prétexte d’une nième campagne pour la généralisation des “soins palliatifs” ( comme si ceux-ci étaient incompatibles avec la liberté du choix d’une aide active à mourir ), devraient donc concerner plus généralement toutes les raisons possibles pour une personne de préférer mettre fin à sa vie, plutôt que d’avoir à subir les souffrances “incurables” de conditions de “vie” qu’elle juge insupportables.

Nous n’avons pas à avoir d’égards fraternels particuliers pour tous ceux qui ont des problèmes de conscience de pouvoir à la fois continuer à encourager des politiques de privilèges de plus en plus inégalitaires et de devoir constater que ces politiques créent pour d’autres des conditions de vie de plus en plus inacceptables, au point de ne plus souhaiter vivre ainsi et de préférer mourir. Ce n’est pas aux personnes “vulnérables” de payer en plus, par une obligation de vivre, le prix de la “mauvaise conscience” de ceux-là même qui sont souvent plus ou moins directement responsables de cette “vulnérabilité”.

Armand Stroh.
( Décembre 2023 )

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