Association pour la légalisation du suicide assisté et de l'euthanasie volontaire

Il y a quatre ans, en octobre 2019…

Il y a 4 ans, en octobre 2019, la médiatisation des perquisitions dont étaient victimes un certain nombre de nos adhérents ainsi que le siège de l’ association avait déclenché une tribune publique dans Libération d’un certain nombre de femmes féministes :

“Choisir sa vie, choisir sa mort, des femmes persistent et signent”

Nous republions ce texte ci-dessous, car il n’a rien perdu de son actualité …

Tribune. Si, pour une raison ou une autre, et qui vous appartient entièrement, vous avez décidé de mettre fin à vos jours, vous pouvez bien sûr vous précipiter sous la rame du prochain métro, ou sous le TGV.

Vous pouvez bien sûr vous taillader les veines avec une lame de rasoir, vous pouvez bien sûr sauter du haut de la tour Eiffel – ou de votre balcon (si vous avez un balcon), vous pouvez bien sûr vous pendre à l’arbre qui est au fond du jardin (si vous avez un jardin), vous pouvez bien sûr vous jeter dans la Seine, lesté·e d’un solide bloc de béton (si vous avez les moyens de le transporter vers l’endroit requis).

Oui, si vous avez décidé d’en finir, si vos souffrances vous sont devenues insupportables, alors en effet vous pouvez tenter tout cela pour quitter la vie, – et, peut-être, y réussir. Ou non – et être alors, à votre insu, «sauvé·e», «soigné·e» mais peut-être handicapé·e à vie, prisonnier·ère pour toujours d’un corps meurtri qui ne vous obéit plus, d’un personnel soignant ou de familles (telle celle de Vincent Lambert) décidés à prolonger coûte que coûte cet état, à vous imposer de survivre que vous le vouliez ou non.

Vous pouvez donc, tant que vous en avez la force, tenter de vous donner la mort. Elle sera toujours violente.

Car en France aujourd’hui, il est interdit de mourir lorsque l’on a décidé de le faire, de son propre chef, dans la sérénité et la dignité, entouré des siens, de ceux que l’on aime et qui vous aiment.

Vous pouvez aussi bien sûr, comme Michèle Causse ou Anne Bert (et tant d’autres) tenter le voyage en Suisse ou en Belgique. Encore faut-il que vous en ayez la force physique (et les ressources : 15 000 euros dans certains cas). Et que vous ayez préalablement accompli toutes les formalités, de plus en plus contraignantes, requises pour obtenir l’autorisation du «suicide assisté».

Pourquoi faut-il que ce qui est, depuis des décennies, acquis pour nos voisins européens soit interdit, criminalisé même, en France ?

Pourquoi faut-il que des lobbys de toute sorte – religieux en premier lieu, mais aussi médicaux et pharmacologiques, décident pour nous (et contre nous) de notre vie, et de la fin de notre vie ?

Nous sommes des femmes. Nous avons, pour certaines, eu 20 ans, 30 ans dans les années 70. A l’époque, les mêmes lobbys prétendaient déjà disposer de nos corps, de nos maternités – c’est-à-dire de notre liberté. Nous l’avons refusé. Nous avons crié, nous avons écrit, nous avons manifesté, nous avons signé le «Manifeste des 343» femmes ayant avorté. Et nous avons gagné. Nous avons obtenu le droit à l’avortement, le droit d’avoir des enfants quand nous le voulons, si nous le voulons.

Nous exigeons aujourd’hui, pour nous et pour tous, qu’il soit fait droit à cette liberté fondamentale : mourir dignement, si nous le voulons, quand nous le voudrons. Une immense majorité de la population (96 % selon le sondage Ipsos, paru en mars 2019 ) soutient l’idée du droit à l’euthanasie ou au suicide assisté.

Pour celles d’entre nous qui approchons de l’échéance, notre décision est prise : si l’on nous refuse le droit de finir dignement et légalement notre vie, quand nous l’estimerons invivable, alors nous déclarons publiquement que nous aurons recours à une assistance ou à des moyens (aujourd’hui encore) illégaux. De même que nous avons obtenu alors le droit de choisir notre vie, nous exigeons aujourd’hui celui de choisir notre fin de vie.

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