Association pour la légalisation du suicide assisté et de l'euthanasie volontaire

Aide Médicale à Mourir pour les enfants

La question est posée au Québec et fait débat, en particulier lorsqu’il s’agit d’un enfant handicapé mental qui n’ a jamais pu être en situation de décider ou de consentir à quoi que ce soit puisque incapable de comprendre sa propre situation :

L’aide médicale à mourir

” Elle aurait espéré un départ plus tôt, tout en douceur. Lui tenir la main, entourée de ses proches, pendant qu’un médecin lui administre l’injection qui allait le libérer rapidement de ses souffrances. La loi canadienne sur l’aide médicale à mourir ne le permet pas. Elle souhaite un amendement avec des balises extrêmement claires. “

Je ne veux pas qu’on fasse mourir un enfant parce qu’il est handicapé. Mon petit bonhomme a eu une vie extraordinaire pendant ces 11 ans, malgré sa différence et ses limitations. Vient toutefois un moment où la limite est atteinte et que ces enfants n’ont plus de qualité de vie et souffrent beaucoup. C’est là qu’on doit considérer l’option.” Une citation de Valérie Daigle

Le débat éthique sur l’obligation ou non pour pouvoir bénéficier d’une aide à mourir d’avoir soi-même décidé de cette mort “en toute autonomie”, ou s’il y a des cas où la société ou l’entourage, ou une quelconque institution extérieure à la “personne”, peut légitimement décider à la place d’une telle “personne” – qui n’a jamais été et ne sera jamais capable d’en décider pour elle-même, qu’il vaut mieux pour elle mourir que de continuer à vivre dans ces “conditions de vie” .

Réflexion :


Bien évidemment, à Ultime Liberté, nous soulignons l’importance de l’autonomie personnelle de toute décision de mourir … lorsque cette autonomie personnelle est suffisamment étayée par des capacités mentales minimale de la personne, ou qu’elle a été ou pourrait raisonnablement un jour redevenir suffisante pour permettre ce jugement autonome : c’est le cas des personnes qui ont un diagnostic de maladie neurodégénérative de type Alzheimer, et qui, à partir de leur capacité mentale actuelle peuvent prévoir les types d’états dans lesquels elles ne veulent plus continuer à vivre.
Il est tout à fait possible dans de telles situations à une “personne majeure et capable” de prévoir comment se fera le relai progressif de sa propre autonomie avec un entourage ou un dispositif quelconque chargé de suppléer à la défaillance inévitable de sa propre autonomie.

La question peut aussi être partiellement résolue pour des mineurs qui sont capables de comprendre leur situation, et pour lesquels il est possible de prévoir des formes d’accompagnement et d’assistance à leur propre décision, puisqu’il ne sont pas encore considérés juridiquement capables de prendre de telles responsabilités en toute autonomie personnelle.

La question se pose donc surtout pour les situations de handicap mental suffisamment profond pour qu’il ne soit pas possible de miser raisonnablement sur un “accompagnement de la décision”, et où – de toutes façons – c’est nécessairement des décisions prises par l’ “entourage” ( sociétal, médical, familial, etc. ) qui vont suppléer à la capacité défaillante de la personne.

C’est là que des divergences philosophiques apparaissent entre :

– ceux qui considèrent que dans tous les cas, le critère suffisant, mais aussi nécessaire, pour une aide active à mourir ( médicale ou non ), est que la personne ait tout son “discernement”, donc soit effectivement capable d’exercer l'”autonomie personnelle” réclamée pour une décision aussi irréversible.
Ils refuseront donc d’autoriser une aide active à mourir qui serait décidée par l’entourage ou toute autre institution sociale se substituant au discernement défaillant, avec l’argument bien souvent avancé d’une dérive “eugéniste” possible.
Ils considèrent alors que la seule possibilité légitime est d’éviter l’ “obstination déraisonnable” dans le maintien artificiel en vie, et le recours à des soins de confort palliatifs. Mais que la décision d’une aide active à mourir est alors impossible.

– et ceux qui considèrent que, si on se trouve dans une situation où un être humain n’a jamais pu et ne pourra jamais ( dans un délai raisonnablement prévisible ) accéder à une capacité mentale suffisante de “discernement” pour juger de sa propre vie et de sa propre mort, de toutes façons, le réel impose à l’entourage social ou institutionnel, de prendre en charge les conditions de vie de cet être humain, à sa place.
Et que par défaut d’une autonomie personnelle réellement possible, c’est à un tel “entourage” ( dont la concertation collective est à définir …) , que revient nécessairement la possibilité de décider, et donc de pouvoir décider aussi que la mort de cet être humain totalement incapable de discernement autonome est préférable à la continuation de ses conditions de vie souffrante incurables.
L’argument ici est de considérer que, en cas d’absence incurable de discernement personnel autonome, il est légitime alors à un collectif humain de se substituer à l’autonomie personnelle impossible, pour cependant juger le plus “humainement” possible de cette situation, et ne pas laisser au seul “réel” physique ou biologique ( ou à une “volonté divine” supposée ) , la détermination de la suite inéluctable des “évènements” .

Nous rejoignons dans ce cas, une problématique proche de celle qui autorise aujourd’hui l’interruption volontaire de grossesse, au nom de l’autonomie personnelle de la mère, même si cela concerne la vie et la mort d’un embryon humain, puisque par définition, celui-ci n’est pas capable d’en juger par lui-même, et que précisément une société de liberté, comme dans tout problème de conflit des libertés, doit alors tracer des limites entre des états biologiques en réelle continuité ( date limite pour l’avortement et interdiction de l’infanticide ), au nom précisément d’une égalité des droits de chaque personne.

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