( cet article est une rédaction personnelle d’ Armand Stroh, et n’ engage donc pas le C.A. )
Quelles démarches supplémentaires possibles pour les adhérents d’ Ultime Liberté ?
- 1. Au niveau personnel :
mettre à jour vos directives anticipées, et vos personnes de confiance au cas où vous seriez hospitalisés :
précisez quels types de réanimation vous souhaitez et dans quelles conditions de pronostic suivant la gravité.
Avoir une copie de ces directives prête au cas où on serait hospitalisé en urgence.
Bien distinguer dans ces directives :
– la partie directives proprement dites ( document A : vous faites l’hypothèse que vous êtes un malade atteint de Covid-19 ) où vous ne pouvez demander que des actes actuellement légaux, par exemple une sédation profonde continue si votre situation est « désespérée »
– la partie « Informations et souhaits » où vous pouvez indiquer ce que vous souhaiteriez, par exemple une euthanasie, si elle était légale.
Cela permettrait à l’équipe soignante qui aurait à vous prendre en charge et éventuellement à « faire le tri » entre diverses cas « gravissimes », de prendre en compte votre volonté parmi les autres paramètres de leur décision.
- 2 Au niveau de l’action politique :
-2.1 Un certain nombre de nos adhérents ou de membres du C.A. ont proposé de « profiter » de l’occasion de cette épidémie, pour rappeler nos objectifs.
Certains déplorent qu’on n’entende dans les médias aucune allusion à cette question, alors que l’on est en pleine situation concrète de décisions à prendre par les personnes gravement malades et par les équipes médicales de réanimation.
Certains ont pensé que cela serait utile de demander dans l’urgence au gouvernement qu’il autorise les médecins des équipes soignantes à procéder à des euthanasies si les malades gravement atteints le demandaient.
– Après réflexion, la plupart des membres du C.A. considèrent qu’il ne sert à rien de vouloir obtenir dans l’urgence et la précipitation, une décision gouvernementale « par décret » sur une question aussi fondamentale qui demande au contraire, comme nous le savons bien, une réflexion approfondie et des décisions politiques valables à long terme.
De plus cela nous semble contreproductif pour la compréhension de nos objectifs :
– au niveau de tous ceux qui sont adversaires ou réticents par rapport à nos idées, car ils pourraient à juste titre trouver au minimum « inopportun » de profiter de la détresse d’un grand nombre de patients qui ne demandent qu’à être guéris pour faire ainsi de la « publicité » pour le choix de mourir.
– au niveau de la démarche politique, que nous voulons rationnelle et réfléchie, et obtenue dans une loi après une réelle prise en compte démocratique de l’opinion de la majorité des citoyens et d’une démarche législative et juridique cohérente. Ce n’est pas en prétendant « arracher » dans l’urgence par décret gouvernemental, une « autorisation exceptionnelle » à utiliser des euthanasies, que nous changerions quoi que ce soit aux problèmes de fond.
Nous faisons ici confiance au bon sens des équipes médicales concernées qui, au vu de directives anticipées précises liées à cette situation, peuvent être parfaitement capables de les intégrer à leurs décisions de non « acharnement » , et estimer que personne ne viendra par la suite les poursuivre en justice si en plus des pressions de l’urgence, ils ont suivi les directives des patients.
– 2.2. En revanche, nos adhérents peuvent, à titre individuel, écrire à leur député, ou encore au ministère de la santé, pour faire part de leurs inquiétudes et de leurs souhaits, notamment en vue d’une transformation législative toujours attendue ..
– 2.3. De plus, nous pouvons parfaitement profiter de cette situation de confinement et de crise sanitaire, pour réfléchir à l’ analyse politique à faire après coup, une fois la crise passée, pour développer notre propre argumentaire appuyé sur les leçons de la crise, pour préciser nos demandes de modifications législatives concernant la fin de vie.
– 2.4. En particulier, dans le contexte international, la prise en compte du récent jugement de la Cour constitutionnelle allemande, considérant que le droit pour chaque personne de choisir sa mort et donc d’y être aidé par des tiers peut être fondé directement sur le droit fondamental à l’autonomie de ses décisions personnelles, nous donne la possibilité de demander de façon plus « réaliste » également en France, une transformation juridique similaire.
Tous ceux qui, même parmi nos adhérents, étaient sceptiques sur la possibilité réelle d’une telle « révolution » juridique, proclamant clairement la liberté du suicide, et donc de l’assistance au suicide ont désormais moins de raisons de considérer cette position comme « utopique ».
-2.5. Un Appel concerté entre les 3 associations Ultime Liberté, Le Choix et l’ADMD, initié par François Galichet, a entrainé une assez longue discussion pour essayer d’aboutir à un texte commun à publier dans les médias. Cette concertation n’a pu aboutir à la signature d’un texte commun qu’entre Ultime Liberté, Le Choix et le Collectif « Pour une mort sereine », formé par un certain nombre d’adhérents de l’ADMD.
Ce texte réduit au minimum, dans cette situation où le monde des soignants est déjà suffisamment déstabilisé par de difficiles décisions à prendre, la part proprement « revendicative » commune aux trois associations, liée à la liberté de décider de sa fin de vie.
2 commentaires sur “Epidémie Covid-19 et action d’ U.L.”
Je suis parfaitement d’accord avec cette analyse claire et réaliste
Commentaire envoyé par « Maryvonne » ( Le 17 avril )
En regard de la Loi, et en cette période assez inouïe de pandémie CoViD19 des problèmes spécifiques sont apparus sur le terrain.
Suite à une insuffisance de réserve de la molécule la plus communément utilisée en première intention pour une sédation terminale, le Midazolam, le gouvernement a émis le 29 mars un décret qui stipule que :
« le Rivotril ( produit préconisé en deuxième intention par la HAS ) sous forme injectable peut faire l’objet « d’une dispensation, jusqu’au 15 avril 2020, (prolongée depuis hier 16 mars jusqu’au 11 mai) pour un accès en médecine de ville et donc dans les EHPAD. »
Cela répond clairement, à mon sens, à l’urgence face à des patients non réanimables (ou parce que trop vieux et pas de place en lit de réanimation) et qui se trouvent en détresse respiratoire.
Le Pr Vincent Morel, chef de service soins palliatifs au CHU de Rennes, et président du conseil scientifique de la SFAP, estime que :
« Nous avons besoin de ces dérogations, pour être sûrs qu’à n’importe quel endroit du territoire, on puisse avoir accès à l’une des quatre molécules permettant de prendre en charge des détresses respiratoires asphyxiques à domicile ou en EHPAD ».
« ces pratiques sédatives…s’appliquent surtout en cas de détresse respiratoire insupportable, pour soulager le patient quand on sent que le décès va intervenir », insiste encore le Pr Morel.
D’aucuns y ont vu une légalisation de l’euthanasie.
Le syndicat des Jeunes Médecins a demandé au Conseil d’État de suspendre ce dispositif de dérogation. « L’administration de cette molécule (contre-indiquée en cas d’insuffisance respiratoire) à un patient souffrant du Covid-19 aura pour effet d’atteindre une sédation terminale à domicile entraînant le décès », argumente le syndicat. Et de considérer que la collégialité n’est pas suffisamment encadrée par ce décret.
Le Pr Olivier Guérin, président de la Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG), tente alors de désamorcer la polémique.
Il précise que dans cette prescription hors autorisation de mise sur le marché (AMM), le médecin doit « se conformer aux protocoles exceptionnels et transitoires relatifs, d’une part, à la prise en charge de la dyspnée et, d’autre part, à la prise en charge palliative de la détresse respiratoire, établis par la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) ».
Face à ces informations factuelles, U.L. pourrait (devrait?) alerter l’exécutif, les députés, la HAS et toute instance qui pèse sur les décisionnaires pour faire avancer cette cause : obtenir une aide à mourir à toute personne, capable, qui le demande soit directement, soit par ses D.A. si elle n’est plus consciente.
Faute de quoi « bis repetita » dans la prochaine grave crise sanitaire ??